Au Sommaire de la Lettre de l’AFA N°22
2015 : A l’heure d’un bilan…
A l’issue des deux mandats que j’ai exercés en qualité de directrice générale de l’Agence Française de l’Adoption, deux constats s’imposent à moi.
D’une part, il se confirme, au vu de l’activité des opérateurs français et étrangers, et des chiffres de l’adoption individuelle sur plusieurs années, une décroissance quasiment continue de l’adoption internationale. En est le témoin, pour l’agence, la chute du niveau des adoptions entre 2007 et 2014, passée de 603 à 239.
D’autre part, l’on a assisté ces dernières années à un changement complet du profil des enfants adoptés à l’international. Les enfants à besoins spécifiques constituent désormais l’énorme majorité des enfants adoptés par les pays d’accueil. En 2014, plus de 70 % des enfants adoptés par le biais de l’agence étaient des enfants grands, souffrant de problèmes de santé physique ou de troubles psychologiques, adoptés en fratries, affectés par une histoire lourde, et parfois ayant plusieurs de ces particularités.
Tirant la leçon des changements intervenus dans le champ de l’adoption internationale, l’agence a pris en compte les difficultés particulières que rencontrent désormais les familles pour accueillir les enfants ainsi que, et surtout, la nécessité de garantir au mieux l’avenir de ces enfants et la réussite de ces adoptions devenues pour certaines, il faut le dire, quelque peu à risque. Ainsi, l’AFA a-t-elle multiplié les actions de préparation des familles, au siège de l’agence ou par le biais de sa coopération avec les départements. La désignation au sein de l’AFA d’une coordinatrice du suivi post-adoption a répondu au souci d’accorder à la période de l’après-adoption toute l’attention qu’elle mérite en raison des demandes formulées à cet égard par les pays d’origine, les départements, les familles adoptantes.
Dirigeant l’agence depuis plusieurs années, mon expérience m’a conduite à la conviction que l’ouvrage que l’agence a consciencieusement réalisé tout au long de ses 8 années d’existence pourrait profiter à d’autres, si l’on s’y intéresse : à la fois à ces nombreux enfants français privés de famille qui sont dans une situation très voisine de celle de centaines d’enfants adoptés aujourd’hui à l’international, mais également à un grand nombre de familles condamnées à faire le deuil de leur projet à défaut, désormais, d’avoir une chance raisonnable de voir prospérer une demande d’adoption orientée vers un pays étranger.
Formons le vœu que cet objectif soit plus largement partagé dans l’avenir et que, pour sa réalisation, naissent et prospèrent des initiatives novatrices et généreuses des acteurs et responsables de l’adoption.
Béatrice BIONDI
Directrice générale de l’AFA
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