Les particularités des enfants peuvent être liées à leur histoire, qu’il s’agisse :
de manque d’affection, d’affection dévoyée, de maltraitance, de sévices, d’abandons successifs, de délaissement, d’institutionnalisation, de vie dans la rue
ou de conditions anormales de socialisation, de nourriture, de sommeil, d’habitat ou également d’histoire personnelle dramatique (violence de guerre, criminelle ou de mœurs, catastrophe naturelle, guerre, agression sur l’enfant ou ses proches, etc.)
Si l’histoire de l’enfant est probablement la source la plus importante de difficultés ou d’échecs des adoptions, c’est aussi dans la mesure où elle est insuffisamment connue, insuffisamment rapportée et souvent insuffisamment prise en compte.
Les troubles liés à un parcours douloureux sont principalement :
un retard de développement
des troubles du comportement
des troubles des apprentissages
des troubles du langage et requièrent, le plus souvent, une prise en charge spécialisée.
1) L’histoire personnelle
C’est l’histoire de l’enfant qui fait la particularité de l’enfant grand et diminue ses chances d’être adopté. La longueur de leur histoire nous fait considérer que tous les enfants de 5 ans et plus ont des besoins spécifiques.
A cet âge, l’enfant réalise ce qu’est la spécificité de l’adoption par rapport à la famille biologique. Il doit donc non seulement, quel que soit son âge, être informé de son adoption mais aussi, en fonction de ses capacités, être consulté et donner son avis pour être adopté. Il doit et peut être préparé à son adoption puisqu’il a conscience de ce qui lui arrive.
Les risques sur la réussite de l’adoption sont donc indéniables mais difficiles à prévoir. Une meilleure information et préparation des adoptants, une attention particulière lors de l’apparentement et une préparation spécifique de l’enfant et des candidats sont également ici indispensables pour favoriser la résilience.
Lorsque le rapport sur l’enfant est incomplet ou peu fiable, il est difficile d’appréhender les répercussions de son histoire sur son avenir et les difficultés prévisibles de son accueil en vue d’adoption.
Par ailleurs, l’histoire « objective » et « chronologique » décrite dans le rapport relatif à l’enfant, n’est pas l’histoire « vécue » par l’enfant, or c’est celle-là qu’il va exprimer verbalement, s’il est assez grand et en confiance, et de multiples façons par son comportement.
2) Les conséquences de l’histoire personnelle
a. Conséquences sur l’image de soi
A 5, 6, 7 ou 8 ans un enfant comprend ce qui lui arrive et, se demandant pourquoi il a été abandonné, il peut se constituer une mauvaise image de lui-même, entraînant :
manque de confiance dans l’avenir
manque de confiance dans l’adulte
difficulté à s’attacher à nouveau
peur d’un nouvel abandon et d’une nouvelle souffrance
Cette détérioration de l’estime de soi est souvent plus difficile à corriger à 8 ans qu’à 2 ans.
b. Conséquences d’ordre affectif
Tous les enfants ont besoin d’affection, mais plus encore ceux qui ont été abandonnés et tous les enfants adoptés ont été abandonnés.
La stimulation affective apportée par l’adoption est généralement directement salutaire mais certains enfants ne pourront en profiter pleinement qu’avec le soutien d’une psychothérapie et d’autres, souffrant d’une pathologie fixée de l’attachement, ne pourront pas en guérir.
Dans tous les cas l’affection des adoptants est mise à l’épreuve par les enfants, ce qui demande du temps et de la patience. Les parents doivent pouvoir faire appel à des tiers lorsqu’ils ne comprennent plus et ne parviennent plus à faire face.
3) A besoins spéciaux, prise en charge renforcée
Les enfants adoptés ont généralement à rattraper :
un retard de développement staturo-pondéral (avec des risques comme la puberté précoce)
un retard de développement psychomoteur par insuffisance de stimulation affective, sensorielle et motrice en orphelinat
un retard scolaire par insuffisance de stimulation cognitive quand ils en ont l’âge
Il faudra donc prévoir selon le cas un mode de garde adapté, un soutien psychologique ou scolaire (classe de transition), l’intervention de professionnels (médecin, psychologue, psychomotricien, orthophoniste, éducateur, etc.).